Maxime Livio (fra)

 

La vision d’un champion !

 

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Certains naissent avec un énorme talent.

D’autres encore, dotés d’un tel talent, le développent constamment, sans relâche, à force de travail.

Ceux-là sont les vraies stars. Ceux qui s’investissent pleinement dans leur art, engagés au-delà de toutes limites, gravissant toutes les marches, réalisant l’impossible et finissant par devenir une référence dans leur domaine : les visionnaires.

Maxime Livio sut à cinq ans qu’il voulait devenir cavalier, et pas n’importe quel type de cavalier mais compétiteur de concours complet. Bien que ses parents, Pascale et Didier, à des années lumières et totalement ignorants du monde du cheval, n’aient pas pris les perspectives d’avenir professionnel particulièrement précis du bambin très au sérieux, ils sont pourtant assez touché par la détermination affichée par leur fils pour trouver un centre équestre acceptant les très jeunes enfants. Et c’est ainsi que tout débute. Pascale et Didier ne s’attendent alors pas le moins du monde à passer le plus clair de leur temps libre, quelques années plus tard, à assister à une kyrielle de compétitions, sans parler des coupes du monde et des championnats quatre étoiles.

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Mais le parcours qui a amené Maxime à représenter la France aux Jeux Equestres Mondiaux cette année, ne fut évidemment pas toujours simple. D’autant moins qu’il était bon élève à l’école : trop bon pour passer le reste de sa vie sur le dos de chevaux, selon certains. Mais après avoir obtenu son baccalauréat, Maxime est inflexible : il affirme qu’il est prêt à manger des raviolis en conserve jusqu’à la fin de sa vie si nécessaire, mais il fera une carrière équestre. Cédant devant l’inéluctable, ses parents posent cependant deux conditions : qu’il décroche un diplôme de la prestigieuse Ecole Nationale d’Equitation de Saumur, l’ENE, et qu’il se bâtisse un avenir totalement autonome pour avoir accès à des montures de premier ordre loin des aléas qui consistent à dépendre d’employeurs équestres ou de propriétaires de chevaux bienveillants. L’affaire est entendue : lorsqu’il quitte le pôle Espoir de l’ENE, la pépinière de jeunes champions français de Saumur, Maxime monte sa propre écurie dans la région, proposant un mode de fonctionnement mixte à base d’entraînement à la compétition, de commerce de chevaux, de syndication et de formation de jeunes cavaliers prometteurs (qui logent sur la propriété et alternent cours d’équitation et études dans le meilleur lycée de Saumur).

Dans le contexte français, ce projet est quelque peu novateur. Maxime est l’un des premiers à importer le système de syndication où l’on acquiert un cheval via la participation au sein d’un groupement de personnes, chaque membre achetant une part et contribuant à la pension de la monture selon son quota de propriété. Cela permet aux cavaliers d’obtenir des chevaux de qualité et à n’importe quel passionné sans grands moyens d’acquérir une part d’un cheval de compétition, qu’il pourra revendre avec plus-value en cas de succès ou conserver pour le plaisir de suivre sa carrière et jouer ainsi un rôle dans la compétition de très haut-niveau de manière privilégiée. Quant au “Sport-étude”, où de jeunes élèves associent études classiques et éducation sportive de haut niveau, il existe déjà en France, au sein de l’Education Nationale, mais n’a jamais été aussi directement liée à l’expérience d’un champion.

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On pourrait y voir une parfaite success-story. Et, d’une certaine manière, c’en est une. Mais personne ne connait mieux que Maxime la fragilité de tout cela. Lorsqu’en 2011, alors que son ascension semble irrésistible, trois de ses chevaux se blessent, mettant quasiment fin à toute sa saison de compétition, la vie paraît subitement sombre. Pour quelqu’un dont l’objectif de carrière est d’accéder aux podiums, les perspectives d’avenir peuvent changer du tout au tout du jour au lendemain, peu importe la somme de travail et l’énergie que vous y avez investis toutes ces années. Car c’est le propre même du complet : l’éducation des chevaux, qui doivent briller aussi bien au dressage qu’au CSO et au cross, requiert un travail de très longue haleine. La condition physique du cheval doit non seulement se développer en accord avec sa maturité anatomique mais aussi mentale. Le travail quotidien est un pari constant sur l’avenir de son potentiel et de sa santé. En la matière, Maxime estime qu’il faut laisser le cheval mûrir à son rythme, en lui proposant de passer au niveau supérieur et, si cela s’avère alors trop difficile, de revenir quelques temps encore au palier précédent jusqu’à ce qu’il soit prêt. Tout est extrêmement progressif. Aussi, lorsque Maxime remporte haut la main une médaille d’argent dans le prestigieux concours quatre-étoiles de Pau l’automne dernier, il est quelque peu surpris par le soudain intérêt qu’il suscite :  ce n’est là, pour lui, que le résultat logique d’un long travail et de ses victoires précédentes avec son cheval, Cathar de Gamel.

Lorsqu’il évoque son histoire personnelle et sa vision actuelle, Maxime ne cesse de faire mention de toutes ces personnes qui lui ont appris ceci ou cela et qui l’ont aidé à devenir ce qu’il est aujourd’hui. Il est aussi évident que son apprentissage n’est en rien achevé et que tous les membres de son équipe sont extrêmement importants. L’un des personnages primordiaux de son entourage a longtemps été Tristan Chambry, le célèbre entraîneur de dressage, à qui Maxime se réfère comme étant celui qui lui a transmi les notions de dressage et le style très caractéristiques qui sont dorénavant sa marque de fabrique (cf. encadré).

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La médaille d’argent de Pau a beaucoup attiré l’attention. Mais ceux qui connaissent Maxime attendaient cette consécration et n’en furent pas le moins du monde surpris. C’est un homme qui impressionne, avec une vision très claire de ce qu’il veut faire mais aussi de la manière dont il veut le réaliser. Pour lui, atteindre les sommet n’est pas qu’une simple question de résultats : il s’agit aussi d’instiller du sens dans son activité. Totalement convaincu du pouvoir de l’engagement et de la bonne volonté, Maxime sait que la confiance partagée, fût-ce avec un humain ou un cheval, en est la clef. Il s’entoure avec soin, dans la durée, attentif à la personnalité et préférant la probité à la souplesse. Car, comme avec les chevaux, il sait qu’on obtient les meilleurs résultats en laissant une certaine latitude au caractère spécifique de tout un chacun.

Jusqu’à présent, sa méthode semble plutôt lui réussir. Nous sommes extrêmement curieux de voir ce que l’avenir lui réserve.

L’enseignement de Tristan Chambry est basé sur le besoin primordial d’apprendre à ressentir le cheval afin que le cavalier puisse se corriger par lui-même plutôt que de toujours se reposer sur les instructions de son entraîneur. Et, pour acquérir cette sensation, le cheval doit constammment s’engager et vouloir aller de l’avant. Ce qui implique, au début, moins de contrôle et d’attention, mais c’est là le prérequis pour tout dressage. En accompagnant ce mouvement marqué, le cavalier va progressivement tenter d’améliorer l’équilibre et le rassembler de sa monture, mais toujours en adéquation avec le développement musculaire. Selon M. Chambry, la nécessité de sentir le cheval est d’autant plus importante que chaque animal est différent des autres et qu’il exige des solutions distinctes, chacun étant aussi soumis à un rythme de progression bien particulier.

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Toutes les photos de cet article © Denis Galpin.

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